Mettre fin à son manuscrit est une décision très complexe pour un auteur.
« II faut mettre fin à ce livre. Mais il n’est pas terminé. »
Parole d’auteur, venu me trouver pour me demander de l’aide sur son manuscrit.
Paradoxe ? Contradiction ?
Ou subtilité infime de ce moment crucial — et inconfortable — pour l’auteur, dans l’entre-deux de son manuscrit ?
L’écriture de son texte avait duré des années.
Selon ses propres mots, il était « finalisé ». Mais « pas terminé ».
Sans vraiment savoir l’exprimer, cet auteur se questionnait sur la situation de son texte.
Il ressentait à la fois l’urgence d’agir pour le faire publier et l’urgence de réfléchir et de travailler son texte encore…
Nous avons longuement échangé pour comprendre et mettre des mots sur son besoin.
- Quand s’arrêter dans l’écriture d’un texte d’auteur ?
- Quand envoyer son manuscrit à un éditeur ?
- Quelles priorités ? Quelle démarche adopter ?
- Que décider quand la boucle des pensées devient infinie et vous obsède, quand vous êtes paralysé par l’hésitation et le terrible sentiment d’inachevé ?
Je vous propose ici un voyage au gré des questionnements de cet auteur, qui pourraient bien devenir des pistes d’action pour vous…
Au sommaire de cet article
- 1 Mettre fin à son manuscrit : être allé au bout de son intention.
- 2 Mettre fin à son manuscrit : corriger ses fautes ?
- 3 Mettre fin à son manuscrit : vais-je toucher mon lecteur ?
- 4 Mettre fin à son manuscrit : quand s’arrêter et de faire relire mon texte ?
- 5 Mettre fin à son manuscrit : « oui, j’ai besoin d’aide, mais… »
- 6 Concluons ?
Mettre fin à son manuscrit : être allé au bout de son intention.
Écrire un texte littéraire est avant tout un acte intime, un acte de sens.
Le texte vient des tripes, il porte sens, il transforme, révèle son auteur à lui-même.
Peu d’auteurs écrivent sans INTENTION.
Qu’elle soit intérieure — écrire pour soi — ou extérieure — tournée vers l’autre, le lecteur idéal —, ou les deux, celle-ci est le fil rouge de l’écriture.
Votre intention, c’est votre flamme intérieure. La lumière que vous portez en vous, qui ne s’éteint jamais totalement, même malmenée, exposée au souffle.
Les intentions d’écriture sont innombrables et singulières à chacun.
Il y a toutes les intentions positives, qu’elles soient intimes ou tournées vers le lecteur. Dire sa vérité, raconter son histoire, laisser une trace, se faire comprendre. Transmettre, témoigner, créer du lien, toucher tel ou public, aider et soutenir le lecteur, déclencher chez lui la réflexion, etc.
Il y a aussi tout ce que l’auteur ne veut pas. Ne pas donner de leçons, ne pas être mièvre, ne pas être trop technique, etc.
Il y a donc tous les « pourquoi ? » et les « pour quoi ? ».
Et puis vient le « pour qui avez-vous écrit ce texte ? » Sauriez-vous dresser le portrait-robot de votre lecteur idéal ? Et pour qui n’écrivez-vous surtout pas ?
Mais mettre fin à son texte est d’abord une question tournée vers soi.
« Suis-je allé au bout de mes intentions d’écriture » ?
Le point final vous appartient.
Question de sensation, d’intime conviction, de folle intuition ?
Si cela vous suffit, si vous l’éprouvez intimement, vous êtes probablement prêt.
C’est une alchimie intérieure.
Cela ne s’explique pas.
Mais que faire dans le cas contraire ?
- Comment décider une fois pour toutes qu’on a trouvé les mots les plus justes pour… ?
- Sauriez-vous verbaliser ces intentions ? L’avez-vous fait ?
- Sauriez-vous les mettre en regard de votre texte ?
C’est un exercice qu’il est difficile d’accomplir seul, paradoxalement.
Partager ses intentions d’écriture pour les clarifier.
La seule verbalisation de vos intentions peut être difficile : du grand blanc au grand brouillard, tant tout se mélange, semble beaucoup, voire trop…
Alors, partager vos intentions d’écriture avec un tiers bienveillant et neutre peut déjà être source de clarification pour vous.
Vous avez tant travaillé votre texte que vous êtes immergé. Vous avez été votre propre lecteur, une fois, deux fois… dix fois peut-être. Le recul vous manque.
C’est un travail d’écoute approfondie que je réalise avec mes clients, avant toute définition de leur besoin d’aide sur le texte lui-même. Ensemble, nous débrouillons, nous clarifions, nous écoutons votre voix intérieure s’exprimer sur vos intentions d’auteur.
Clarifier ses intentions permet alors d’envisager la seconde étape : décider de les regarder avec un œil nouveau, s’interroger sur la JUSTESSE du texte, dans toutes ses dimensions.
Justesse du texte… mais encore ?
« Justesse : conformité d’une réalisation à son objet, sans excès ni défaut. »
La justesse est donc toute relative. Voilà ce qui fait sa difficulté. Retour aux intentions, au sens, à l’objet de votre écriture.
Conformité : quel mot déprimant, passif, terne !
Essayons autre chose : alignement ?
« Alignement : disposition de plusieurs choses placées l’une à la suite de l’autre, en ligne droite. »
J’y vois beaucoup plus que ça. Ah, la recherche des mots justes…
Dans l’alignement, je vois un beau mouvement, gracieux, et je vais même plus loin : on le voit souple, suivant la vague du sens qui vous anime…loin de la ligne droite….
Les mots justes seraient donc ceux qui vous alignent spontanément avec votre texte, qui réalisent le sens de votre démarche d’écriture, qui, à la simple lecture, font mouche.
Nouvelle difficulté ici : les mots justes pour qui ?
Pour vous ? Votre éditeur ? Vos lecteurs ?
Qui décide in fine de la justesse de votre manuscrit ?
Mettre fin à son manuscrit : corriger ses fautes ?
Ce gros morceau, vous l’avez poussé devant vous, longtemps.
Vous savez qu’un texte propre est plus crédible. On vous l’a chaudement recommandé, sans appel, et ce quel que soit le mode d’édition prévu de votre ouvrage. Et vous avez raison.
Mais pour vous ce n’est qu’une question d’orthographe, de grammaire, bref, de technique barbante.
Alors vous avez soigneusement évité de vous y frotter jusque-là.
Et puis vous n’avez pas la moindre idée de la façon de vous y prendre.
Correcteur automatique ? Correcteur en ligne ? Lecteur correcteur professionnel ?
Vous y perdez votre latin…
Quelques pistes pour vous ici...
Mettre fin à son manuscrit : vais-je toucher mon lecteur ?
Le doute : mon texte est-il lisible, accessible ?
Vous avez l’impression d’avoir terminé. En en même temps ce sentiment d’inachevé vous titille.
Et si… j’étais à côté de la plaque ? Si j’étais illisible ?
Rares sont les textes non destinés à être lus.
Une question fondamentale quand vient le temps de mettre fin à son manuscrit est la question de l’accès du texte par le lecteur.
Retour sur une intention fréquente de l’écriture tournée vers l’autre.
Vous avez en principe défini pour qui vous écrivez. N’est-ce pas ?
Votre livre n’existera que s’il est lu par vos lecteurs.
Il a été un texte intime, un texte de plaisir, il doit devenir maintenant un texte de désir.
Votre intention est une chose, le besoin et l’attente de vos lecteurs en sont une autre. Pour eux, peu importe le temps que vous y avez passé. Seul compte l’impact que votre livre produira sur eux.
La seule question pour vous est : « Ai-je trouvé les mots justes ? Les mots qui feront mouche, qui toucheront mon lecteur, qui les feront réagir, réfléchir, grandir… ? ».
Pour cela, il n’y a pas d’autres solutions que de faire relire votre texte.
Faire relire son texte. Une étape incontournable, mais difficile.
Vous osez montrer ce qui est sorti de vous. Œuvre intime. C’est comme se montrer nu.
Qui n’a pas éprouvé la peur de montrer ses textes ?
Et puis, ce sentiment d’inachevé ajoute à vos peurs. Honte de l’imperfection, peur de devoir retravailler, encore et encore, vous qui avez tant travaillé, déjà.
Peurs de perdre votre texte, qu’on vous l’abîme, qu’il s’alourdisse, ou qu’il disparaisse…
Vous avez le choix : rester dans votre grotte, ne jamais le montrer à quiconque, et il restera dans vos tiroirs, avec vos frustrations et vos regrets ; ou prendre un risque, qui vous coûtera peut-être sur le moment… et vous fera avancer.
Bravo pour ce pas franchi.
Mettre fin à son manuscrit : quand s’arrêter et de faire relire mon texte ?
À qui faire relire votre texte ? Votre première pensée est allée à la bêta-lecture.
Vous avez fait relire votre texte, par un panel diversifié de lecteurs de votre entourage proche et moins proche.
Un bêta-lecteur, un deuxième, un troisième, soigneusement sélectionnés et briefés sur votre attente, ont relu votre manuscrit. Ils vous ont donné leur avis, quelques petites lumières se sont allumées chez vous, vous avez réécrit des passages, retravaillé tel ou tel passage de l’intrigue, tel ou tel personnage. Vous avez progressé, un peu, même si ce sentiment d’inachevé vous tenaille encore.
Et puis vous avez parlé de votre livre autour de vous. Plusieurs bonnes volontés se sont manifestées chaleureusement pour donner leur avis. Vous vous êtes empressé d’accepter ! De l’intérêt pour mon livre, ça ne se refuse pas…
Et voilà que les retours se croisent, se contredisent… et achèvent de vous brouiller tout à fait.
Là, une petite voix intérieure vous dit : « je devrais peut-être arrêter de faire lire mon texte. »
Cette petite voix ne serait-elle pas celle du sens ?
Vous êtes en bonne voie…
Plaisanterie mise à part, la bêta-lecture est une vraie chance pour votre texte. Si vous êtes perdu aujourd’hui, cela vaut la peine de vous interroger. L’avez-vous seulement réalisée au bon moment du parcours de votre livre ? Comment vous y êtes-vous pris ? J’y reviendrai dans un prochain article dédié à cette question.
Mettre fin à son manuscrit : « oui, j’ai besoin d’aide, mais… »
Si vous ressentez que vous avez besoin d’aide, alors c’est le signal que vous n’êtes pas allé au bout de votre chemin. Et pour cela, vous pouvez être aidé.
Se faire aider pour son projet de livre : oui, mais sur quoi, concrètement ?
Il existe pléthore de services aux auteurs. Ateliers d’écriture, accompagnement littéraire, diagnostic détaillé de manuscrit, lecteur-correcteur, aide à l’autoédition… ?
Conseillers littéraires et éditoriaux, coachs en écriture, qui accompagnent les auteurs de bout en bout, à tous les stades de leur écriture.
Votre besoin peut être plus ponctuel. Dans tous les cas, il doit être discuté en profondeur avec votre prestataire.
Concluons ?
Alors ? Mettre fin à son manuscrit, est-ce…une affaire purement personnelle ? Est-ce une histoire de mots justes pour vos lecteurs ou seulement de langue française à améliorer ?
Probablement un peu de tout cela, dans un subtil équilibre propre à chacun.
Ce qui est certain, c’est que personne d’autre que vous ne décidera que votre manuscrit est prêt à être envoyé à un éditeur ou autoédité.
Mettre fin à son manuscrit est une décision éminemment personnelle, qui dépend de la situation de votre texte et de vos objectifs, mais surtout de votre stade d’engagement vers le sens de votre démarche d’écriture.
Si l’un ou plusieurs des questionnements ci-dessus vous interpellent, je vous recommande de prendre contact avec un professionnel et de vous appuyer sur lui pour trouver l’accompagnement dont vous pourriez avoir besoin.
Écoutez cette petite voix qui murmure à votre oreille ! Faites-vous confiance !
Vous souhaitez approfondir certains points ?
Vous voulez en savoir plus sur mon offre? C’est par ici.